Le Cadavre Encerclé de Kateb Yacine : Une Réflexion sur la liberté au CCA
Le Centre culturel algérien à Paris a présenté, le 3 octobre 2024, à l’occasion du 70ème anniversaire de la Révolution de Novembre, la pièce « Le cadavre encerclé » de Kader Yacine.
Cette pièce, produite par La Sirène tubiste et mise en scène par Arnaud Chouran, a été présentée dans son texte original, sans décor ni effets sonores ou lumineux, excepté ce que les acteurs ont réussi à transmettre par le geste et la lecture, afin d’impliquer le public dans l’atmosphère narrative et événementielle du texte du cabloti rebelle. La performance concentrée des acteurs a permis de plonger les spectateurs, malgré un langage poétique riche en symboles qui pourrait sembler obscur pour certains, dans l’évocation d’une période cruciale de l’histoire de l’Algérie durant l’occupation, précisément après le tournant dangereux qui a suivi les événements du 8 mai 1945.
Dans une ambiance merveilleuse où le réel se mêle au fantastique, le metteur en scène a réussi à affirmer qu’un texte comme « Le cadavre encerclé » reste un sujet vivant, ravivant les thèmes de la liberté et de la justice que l’auteur de « La étoile » a su évoquer pour attirer le spectateur au cœur des contradictions qui ont déchiré l’Algérie occupée. Le personnage de Leghdir, le « cadavre », voit son sang se diviser entre sa bien-aimée, qui croit qu’il peut la sauver, un père qui ne se soucie que de ses plaisirs et de son commerce, et des pauvres qui ignorent la question cruciale de l’indépendance, englués dans l’ignorance et la misère, comme le démontre le personnage du marchand d’oranges, un Algérien écrasé sous le poids de la pauvreté et de la lutte pour la survie.
La répression et la tyrannie n’ont pas de religion, c’est ce qu’a appris le jeune Kader Yacine, qui a vécu l’enfer des prisons coloniales. Sa conscience lui a permis de faire la distinction entre la France de la civilisation et de l’humanité, incarnée par l’infirmière qui l’a sauvé, et les crimes commis par les colonisateurs pour préserver leurs intérêts.
Sans lever le rideau, la pièce, reposant comme mentionné précédemment sur le texte, s’est terminée sous les applaudissements chaleureux d’un public comblé, après une heure et demie d’échanges entre les acteurs sur des personnages principaux et secondaires, pour donner vie à « Le cadavre encerclé », à dix heures du soir.